Il y a tout juste 20 ans l’école actuelle de Sainte-Foy-d’Aigrefeuille était en fin de construction. Ses portes s’ouvraient pour la 1ère fois aux enfants à la rentrée 1988. C’était une des premières écoles neuves des villages des environs. Mais qu’en était-il de l’école publique de notre commune auparavant ?
Alors que l’assemblée législative des 20 et 21 avril 1792 décidait que les maîtres des écoles seraient désormais appelés «instituteurs» (du latin institutor, celui qui établit, qui enseigne), il fallut attendre 1835, sous le règne de Louis-Philippe, pour que Sainte-Foy voie arriver son premier instituteur en la personne de Gabriel Sacome qui faisait également office de secrétaire de mairie comme c’était souvent le cas pour les instituteurs au 19ème siècle et au début du 20ème, dans les petites communes. Auparavant «le prêtre de la paroisse faisait aller au presbytère les enfants des principaux habitants, leur enseignait à lire et à écrire tout en leur apprenant le service de la messe». C’est ce que nous explique Bernard Lamarque (instituteur) dans sa «monographie de Sainte-Foy d’Aigrefeuille» rédigée en 1886. Mais Gabriel Sacome ne resta que 18 mois à Sainte-Foy. «A son départ, en 1837, la commune fut privée d’instituteur pendant onze ans environ et les enfants de toute espèce d’instruction».(B. Lamarque)
En 1848 le nouveau maire, Mr Lantal, décida d’ouvrir une école avec logement de fonction et jardin dans une maison louée à Mr Séran, près de l’église (où habitent actuellement Mr et Mme Foltran). La classe de 4 mètres sur 4 était destinée à accueillir 9 garçons de 8 à 13 ans (trop petite pour recevoir les filles.. !). Elle était ouverte également aux enfants des communes de Saint-Pierre de Lages, Préserville, Aigrefeuille et Lauzerville dépourvues d’école. Les parents versaient une contribution mensuelle dont étaient dispensés les indigents. L’instituteur était un jeune normalien de Toulouse âgé de 20 ans, Jean-Noël Magnas. Il démissionna en 1849 et fut remplacé par son frère, Dominique Magnas, jusqu’en 1850, date à laquelle celui-ci fut appelé à un autre poste. L’école de Sainte-Foy se trouva de nouveau sans enseignant jusqu’en 1851.
En 1852, Mr François Lamarque, 22 ans (qui fut le père du rédacteur de la monographie de Sainte-Foy) fut nommé «instituteur public» à l’école de Sainte-Foy d’Aigrefeuille. Il y enseignera toute sa carrière jusqu’à sa retraite prise en 1885, et finira sa vie au village.
Depuis 1848, la municipalité pensait construire une école neuve, la petite classe étant trop exiguë, mais les moyens manquaient et ce n’est qu’en 1853 qu’elle put enfin voter la construction d’une «maison école». Cependant, le temps de réunir, avec beaucoup de difficultés, les fonds nécessaires, le projet ne fut réalisé qu’en 1857 et l’école, encore une fois, ne put accueillir que les garçons car il n’était pas question de mixité à l’époque… ! Ce n’est qu’en 1867 que les filles eurent accès à l’école, après que le conseil départemental de l’instruction publique eût déclaré mixte l’école publique.
En 1874, 55 élèves fréquentaient l’école dont 32 garçons et 23 filles. Celle-ci se révéla de nouveau trop petite et dut subir des aménagements. Une deuxième classe fut construite en 1876, de 12 mètres sur 7, «adossée à l’ouest de la Maison Commune» (à l’emplacement actuel des bureaux de la mairie côté rue). François Lamarque donna également des cours du soir aux adultes du village dont 95% étaient illettrés.
En 1885 c’est son fils Bernard Lamarque, né en 1855 à Sainte-Foy, qui lui succéda. Lui aussi fit toute sa carrière dans la commune et rédigea la monographie du village.
Avec l’arrivée de Jules Ferry au ministère de l’instruction Publique (de 1879 à 1883), l’école devint laïque, gratuite et obligatoire pour tous. Ainsi, le village ne manqua plus d’instituteur. Sainte-Foy d’Aigrefeuille a rendu hommage à ses 1ers instituteurs en donnant aux deux petites places de la côte de Gasparou les noms de Gabriel Sacome et de Bernard Lamarque. L’histoire de l’école se poursuivit au 20ème siècle dans de nouveaux locaux et nous vous conterons la suite grâce aux documents que nous a fournis Simone Larroy, institutrice et directrice à Sainte-Foy de 1963 à 1995.